Dell'unità della lingua

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Couverture de la 2e édition de "I promessi sposi" (1840).
Francesco Gonin (1808-1889)

Manzoni et la questione della lingua

Alessandro Manzoni (Milan 1785 - Milan 1873) est connu pour son roman historique I promessi sposiLes fiancés, mais pendant sa longue vie il s’est beaucoup occupé du problème de la langue et a même travaillé sur un traité : Della lingua italianaSur la langue italienne. Ses écrits sur la langue, recueillis dans ses papiers privés, ne furent publiés qu’un siècle après sa mort, en 1974.

Manzoni était le petit-fils de l’homme des Lumières Cesare Beccaria. Il avait vécu en France, où il avait fréquenté les milieux des Idéologues (Mme de Staël, Benjamin Constant) et était devenu ami du philosophe et philologue Claude Fauriel avec lequel il a maintenu une longue correspondance. Déjà dans sa première lettre à Fauriel (1806), il se plaint du fait que la paresse et l’ignorance des Italiens a créé une telle distance entre la langue parlée et la langue écrite que cette dernière semble une langue morte. Par contre il envie la France où le peuple est capable de comprendre Molière, car tout le monde parle la même langue. L’exemple de la France sera son modèle pour l’italien.

Cependant, Manzoni n’était pas un théoricien de la langue, mais un lettré et dans sa correspondance avec Fauriel (1821), il se plaint aussi du fait que l’Italie n’a jamais développé le genre du roman historique, ainsi qu’un moyen d’expression convenable pour l’écrire.

Ses idées sur la langue sont perceptibles dans les différentes rédactions de son œuvre la plus célèbre, I promessi sposi, dont Manzoni a écrit trois versions. Au début le roman devait s’appeler Fermo e Lucia (1821-1823), mais Manzoni est peu satisfait de la première rédaction, qu’il considère mal écrite à cause de l’absence d’une langue appropriée. En écrivant cette version, il se servait de la dernière édition du dictionnaire de l’Académie de la Crusca (la soi-disant Crusca Veronese, éditée par le puriste Antonio Cesari et publiée à Vérone en 1806-1811) : il était convaincu que la variété linguistique qui serait acceptée par tous les Italiens était le toscan, et aussi du rôle du lexique comme instrument pour modifier la langue, une idée qui a souvent caractérisé la pensée linguistique italienne.

Il a réécrit le roman dans les années suivantes et l'a publié avec le titre actuel en 1827 (cette édition est connue comme la Ventisettana) : il change ou élimine des sections et essaie de se servir d’une forme toscane homogène sur la base de la Crusca veronese et d’autres textes littéraires, mais aussi de type plus populaire. Le roman fut un succès, mais Manzoni n’était pas encore satisfait et se décida à faire un voyage en Toscane, en particulier à Florence. Il souhaitait trouver des informateurs qui pourraient lui enseigner le florentin contemporain, donc la langue de l’usage, et non pas celle de la tradition littéraire. C’est lors de ce voyage qu’il dit avoir "sciacquato i panni nell’Arnorincé ses habits dans l’Arno" : l’Arno, le fleuve qui traverse Florence, représente la langue italienne où Manzoni aurait trempé ses habits pour qu’ils en soient imprégnés. Il a alors encore revu son roman et a publié une dernière édition en 1840, connue comme la Quarantana, où il applique les résultats de son voyage à Florence.

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 Alessandro Manzoni. Giulio Rossi (1824-1884).

Manzoni a donc beaucoup réfléchi sur la « questione della lingua ». Dans l’œuvre Della lingua italiana, il critique les idées du puriste Antonio Cesari, qui proposait un retour à des modèles archaïques, mais aussi des classicistes qui invoquaient la responsabilité des écrivains pour créer un modèle éloigné de l’usage. Pour lui la nature de la langue était importante, la langue devait être convenable et capable de se plier aux exigences de la société de chaque époque. Il n’était pas influencé par les études de linguistique du XIXe siècle et refusait la notion de modèles, de règles et de lois. Tout cela n’avait pas d’importance car l’origine de la langue était divine.

Ce sont ces idées qui inspirent son rapport de 1868 pour la Commission Broglio : Dell’unità della lingua e dei mezzi di diffonderlaDe l’unité de la langue et des moyens pour la diffuser, dont nous reproduisons un extrait ici. Ce rapport, qui porte les signatures des trois membres de la sous-commission, a été écrit par Manzoni ; les deux autres membres se sont limités à illustrer les moyens de diffusion du florentin dans les écoles.

Comme nous l’avons vu, les conclusions de la sous-commission sur la langue, coordonnée par le pédagogue Raffaello Lambruschini et basée à Florence, n’étaient pas les mêmes que celles de Manzoni et représentent un retour au passé, à la « bonne langue » et non pas à la « langue vivante ». Manzoni a démissionné de la commission et est mort quelques années plus tard. Cependant, le ministre Emilio Broglio, qui avait formé la commission, était convaincu que l’idée de Manzoni de produire un nouveau dictionnaire était valable. Le Novo vocabolario della lingua italiana secondo l’uso di FirenzeNouveau dictionnaire de la langue italienne selon l’usage de Florence a été publié entre 1870-1897, par Broglio et Giovanni Battista Giorgini, gendre de Manzoni. La forme novo au lieu de nuovo était justement la forme employée dans la langue parlée à Florence. Il s’agit d’un nouveau type du dictionnaire, complètement synchronique, sans exemples d’auteurs célèbres, mais pris justement de l’usage florentin contemporain. Ce dictionnaire devait ensuite servir de modèle pour d’autres semblables.

Alessandro Manzoni

Dell’Unità della lingua e dei mezzi per diffonderla

Relazione al Ministro della Pubblica Educazione

I sottoscritti onorati dall’Ill.mo signor Ministro della Pubblica Istruzione dell’incarico di «di proporre tutti i provvedimenti e i modi coi quali si possa aiutare e rendere più universale in tutti gli ordini del popolo la notizia della buona lingua e della buona pronunzia», trovano necessario di premettere alcune considerazioni alla proposta con cui si studieranno di rispondere all’importante invito.Les soussignés honorés par l’Illustre Ministre de l’Éducation avec la charge de "proposer toutes les actions et tous les moyens avec lesquels il sera possible d’encourager et rendre plus universelle parmi tous les ordres du peuple la connaissance de la bonne langue et de la bonne prononciation", estiment qu’il est nécessaire de commencer en faisant quelques considérations sur la proposition sur la base desquelles ils essaieront de répondre à l’importante invitation.

Una nazione dove siano in vigore vari idiomi, e la quale aspiri ad avere una lingua in comune, trova naturalmente in questa varietà un primo e potente ostacolo al suo intento.Une nation dans laquelle sont en vigueur plusieurs idiomes, et qui souhaite avoir une langue commune, trouve naturellement dans cette variété un premier et puissant obstacle à ses intentions.

In astratto, il modo di superare un tale ostacolo è ovvio ed evidente: sostituire a que’ diversi mezzi di comunicazione d’idee un mezzo unico, il quale, sottentrando a fare delle singole parti nella nazione l’ufizio essenziale che fanno i particolari linguaggi, possa anche soddisfare il bisogno, non così essenziale, senza dubbio, ma rilevantissimo, d’intendersi gli uomini dell’intera nazione tra di loro, il più pienamente e uniformemente che sia possibile.En théorie, la façon de surmonter un tel obstacle est clair et évident : remplacer ces différents moyens de communication des idées par un seul moyen, qui, en assumant pour les différentes parties de la nation le rôle essentiel que jouaient les diverses langues, puisse aussi répondre au besoin, sans doute moins essentiel, mais très important, pour les habitants de toute la nation de se comprendre entre eux au mieux et le plus uniformément possible.

Ma in Italia, a ottenere un tale intento, s’incontra questa tanto singolare quanto dolorosa difficoltà, che il mezzo stesso è in questione; e mentre ci troviamo d’accordo nel voler questa lingua, quale poi essa sia, o possa, o deva essere, se ne disputa da cinquecento anniCependant, en Italie, cette intention  rencontre une difficulté aussi singulière que douloureuse : le moyen même est mis en cause. Et tandis qu’on est d’accord pour vouloir cette langue, on discute depuis cinq-cents ans à propos de quelle langue serait, ou pourrait être ou devrait être.

Una tale, si direbbe, quasi perpetuità di tentativi inutili potrebbe, a prima vista, far credere che la ricerca stessa sia da mettersi, una volta per sempre, nella gran classe di quelle che non hanno riuscita, perché il loro intento è immaginario, e il mezzo che si cerca non vive che ne’ desidèri.Une telle continuité de tentatives inutiles pourrait faire croire à première vue que la recherche devrait elle-même, une fois pour toutes, être insérée dans la grande classe de celles qui n’ont aucune réussite parce que leur intention est imaginaire, et le moyen qu’on cherche n’existe que dans les désirs.

Lontani per sé da un tale scoraggimento, e animati dall’autorevole e patriottico invito del sig. Ministro, i sottoscritti non esitano a esprimere la loro persuasione, che il mezzo c’era, come c’è ancora; che il non avere esso potuto esercitare la sua naturale attività ed efficacia, è avvenuto per la mancanza di circostanze favorevoli, senza, però, che una tale mancanza abbia potuto farlo dimenticare, né renderlo affatto inoperoso; e che questa sua debole attività è quella che ha data occasione ai tanti sistemi che hanno potuto sovrapporglisi come le borraccine e i licheni a un albero che vegeti stentatamente.Loin de se décourager, et animés par l’invitation distinguée et patriotique de M. le Ministre, les soussignés n’hésitent pas à se dire persuadés que le moyen existait, et existe encore ; et que le fait de ne pas avoir pu exercer son activité et efficacité naturelles, dépend du manque de circonstances favorables, toutefois sans que ce manque ait pu le faire oublier, ou le rendre complètement désœuvré. C’est cette faible activité qui a donné l’occasion aux nombreux systèmes de se superposer à lui comme la mousse et le lichen sur un arbre qui végète avec difficulté.

Questo mezzo, indicato dalla cosa stessa, e messo in evidenza da splendidi esempi, è: che uno degl’idiomi, più o meno diversi, che vivono in una nazione, venga accettato da tutte le parti di essa per idioma o termini, è puramente nominale, come risulterà da più d’un luogo di questo scritto, senza che ci sia bisogno d’una dimostrazione diretta.Ce moyen, indiqué par la chose même, et mis en évidence par de splendides exemples, est le suivant : qu’une des langues, plus ou moins différentes qui existent dans une nation, soit acceptée par toutes les parties de celle-ci pour langue ou pour terminologie, est une question uniquement de nom, comme l’on verra dans plusieurs endroits de ce document, sans qu’il y ait besoin d’une démonstration directe. […]

Riconosciuta poi che fosse la necessità d’un tal mezzo, la scelta d’un idioma che possa servire al caso nostro, non potrebbe esser dubbia; anzi è fatta. Perché è appunto un fatto notabilissimo questo: che, non c’essendo stata nell’Italia moderna una capitale che abbia potuto forzare in certo modo le diverse province a adottare il suo idioma, pure il toscano, per la virtù d’alcuni scritti famosi al loro primo apparire, per la felice esposizione di concetti più comuni,  (questo mezzo) abbia potuto essere accettato e proclamato per lingua comune dell’Italia, dare generalmente il suo nome (...) agli scritti di tutte le parti d’Italia, alle prediche, ai discorsi pubblici, e anche privati, che non fossero espressi in nessun altro de’ diversi idiomi d’Italia. E la ragione per cui questa denominazione sia stata accettata così facilmente, è che esprime un fatto chiaro, uno di quelli la di cui virtù è nota a chi si sia. Ognuno infatti, che non sia preoccupato da opinioni arbitrarie e sistematiche, intende subito che, per poter sostituire un linguaggio novo a quello d’un paese, bisogna prendere il linguaggio d’un altro paese.Une fois qu’on a reconnu le  besoin d’un tel moyen, il n’y a aucun doute sur le choix d’un idiome qui puisse servir notre cas ; cela est fait. Parce que c’est un fait très bien connu : n’ayant pas eu dans l’Italie moderne une capitale qui aurait pu obliger d’une certaine façon les différentes provinces à adopter sa langue, (ce moyen), en vertu de certaines œuvres célèbres aussitôt publiées, de l’expression heureuse d’idées plus communes, présente dans d’autres, et rendu facile par certaines qualités de la langue même, qu’il n’y a pas besoin de préciser ici, a pu être accepté et proclamé comme langue commune de l’Italie, et donner plus en général son nom (si elle aurait pu donner la chose) aux œuvres de toutes les parties de l’Italie, aux sermons, aux discours publiques, et même privés, qui ne furent exprimés dans aucun autre des différents idiomes de l’Italie. Et la raison pour laquelle ce nom aurait été accepté aussi facilement, c’est qu’il exprime un fait évident, un de ces faits dont la vérité est connue par tous. En effet chacun, qui n’est pas préoccupé par des opinions arbitraires et habituelles, se rend tout de suite compte que, pour pouvoir remplacer la langue d’un pays par une nouvelle langue, il faut prendre la langue d’un autre pays. […]

Uno poi de’ mezzi più efficaci e d’un effetto più generale, particolarmente nelle nostre circostanze, per propagare una lingua, è, come tutti sanno, un vocabolario. E, secondo i principi e i fatti qui esposti, il vocabolario a proposito per l’Italia non potrebbe esser altro che quello del linguaggio fiorentino vivente.L’un des moyens les plus efficaces et d’effet plus général, surtout dans notre cas, pour propager une langue, est, comme tout le monde le sait, un dictionnaire. Et, selon les principes et les faits exprimés ici, le dictionnaire à ce sujet pour l’Italie ne pourrait être que celui de la langue florentine vivante. […]

[Alessandro Manzoni, Ruggero Bonghi, Giulio Carcano]

Passiamo ora a dire qualche cosa anche di altri mezzi che servano a diffondere in tutto il paese la cognizione della bona lingua, oltre a quel primo d’un nuovo vocabolario, composto secondo i principi ora disegnati. Accenneremo alcuni provvedimenti come ci si presentano a primo studio, da discutersi o da modificarsi, o anche da potersi sostituire con altri meglio opportuni. E più d’uno di questi mezzi potrebbe anche non poco giovare alla diffusione della bona pronunzia, per quanto la diversità de’ nostri dialetti lo conceda.Nous allons encore maintenant dire quelque chose sur les autres moyens que servent à diffuser la connaissance de la bonne langue, en plus du premier, qui est celui d’un nouveau dictionnaire, composé selon les principes esquissés jusqu’ici. Nous mentionnerons quelques mesures qui semblent utiles, après une première étude, qu’on pourra discuter ou changer, ou bien remplacer par d’autres plus opportunes. Et plusieurs de ces moyens pourraient aussi servir à la diffusion d’une prononciation correcte,  pour autant que nos différents dialectes le permettent.

Ci pare di dover distinguere i mezzi che sarebbe fattibile di mettere in pratica, anche senza attendere la formazione del nuovo vocabolario, da quegli altri che, di necessità, devono seguirne la pubblicazione.Il nous semble qu’il faut distinguer les moyens qu’il serait possible de mettre en œuvre, même sans attendre la préparation du nouveau dictionnaire, de ceux qui doivent obligatoirement en suivre la publication.

I primi sarebbero: Insegnanti di Toscana, nel maggior numero possibile, o anche educati in Toscana, da mandarsi nelle scuole primarie delle diverse province; esclusivamente toscani, ove ce ne sia, per le cattedre di lingua nelle scuole magistrali e normali.le plus grand nombre possible d’instituteurs provenant de la Toscane, ou bien éduqués en Toscane, à envoyer dans les écoles primaires des différentes provinces ; des professeurs exclusivement toscans, s’il y en a, pour les chaires de langue dans les écoles normales et pour l’enseignement.

Alcuni sussidi, sui fondi appositi iscritti per le scuole primarie nel bilancio del Ministero dell’istruzione pubblica, da assegnarsi a que’ Comuni che si provedessero di maestri nati od educati in Toscana:Quelques subventions, provenant des fonds réservés aux écoles primaires dans le budget du Ministère de l’Éducation, qu’on attribuera aux villes qui se doteront d’instituteurs nés ou éduqués en Toscane.

Conferenze tra l’anno, od anche solo ne’ mese autunnali, nelle quali de’ maestri e delle maestre di Toscana si rechino nelle varie province, per intrattenere i maestri e le maestre delle scuole primarie in letture di libri classici e di libri moderni (pezzi opportunamente scelti) notando gli arcaismi de’ primi, e sostituendo le locuzioni dell’uso, avvertendo i provincialismi, i neologismi inutili de’ secondi, colla stessa sostituzione:Des conférences durant l’année, ou bien seulement dans les mois d'automne, où des instituteurs et institutrices toscans iront dans les différentes provinces pour discuter avec les instituteurs et les institutrices des écoles primaires à propos de la lecture de livres classiques et modernes (pièces choisies opportunément), en indiquant les archaïsmes des premiers, et les remplaçant par les locutions en usage, soulignant les provincialismes, ainsi que les néologismes inutiles des seconds, avec les mêmes remplacements :

Persone competenti, delegate nelle città capoluoghi dalla primaria magistratura, ed ufizialmente, che rivedano non solo qualunque iscrizione, avviso, od insegna devasi esporre in pubblico, ma anche le notizie che gli uffici regi o municipali forniscono ai giornalisti, per le loro cronache quotidiane:Des personnes compétentes envoyées officiellement dans les chefs lieu par la magistrature, pour revoir toutes les inscriptions, notices ou pancartes destinées au public, ainsi que les informations que les bureaux royaux ou municipaux fournissent aux journalistes pour leurs chroniques quotidiennes :

Abbecedari, catechismi e primi libri di lettura nelle scuole, scritti o almeno riveduti da Toscani, sempre colla mira di cercare la diffusione della lingua viva:Des abécédaires, des catéchismes et les premiers livres de lecture pour l’école écrits ou au moins revus par des Toscans, toujours avec le but de chercher à diffuser la langue vivante :

Dare come premio a qualche allievo ed allieva delle scuole normali e magistrali, che ne abbiano fornito il corso con profitto e con segni d’eminente capacità, il mezzo di passare un’annata scolastica in Firenze, per farci la pratica in una delle migliori scuole primarie:Donner, comme prix à quelques étudiants et étudiantes des écoles normales et de formation des maîtres pour les collèges,  qui ont participé au cours avec profit et montré une excellente aptitude, la possibilité de passer une année scolaire à Florence pour pouvoir faire de la pratique dans une des meilleures écoles primaires :

Raccomandare ai membri de’ corpi scientifici, quando la trattazione delle materie essenziali ne concedesse loro il tempo, di determinare fra loro le norme per una concorde e costante nomenclatura in que’ rami scientifici che sono più accessibili al pubblico, come la storia naturale, la meccanica, la metallurgia, ecc.Conseiller aux membres des communautés scientifiques, quand le traitement des matières essentielles leur laissera le temps, d’établir entre eux les règles pour une nomenclature universelle et constante dans les branches de la science qui sont les plus accessibles au grand public, comme l’histoire naturelle, la mécanique, la métallurgie, etc.

I mezzi di diffusione poi, i quali dovrebbero seguire la pubblicazione del nuovo vocabolario sarebbero:Finalement, les moyens de diffusion qui devraient suivre la publication du nouveau dictionnaire seraient :

Provvedere che tutte le scuole governative così dette secondarie, abbiano per ciascuna classe, degli esemplari del nuovo vocabolario, in quantità proporzionata al numero degli alunni:S’assurer que toutes les écoles publiques dites secondaires aient pour chaque classe des exemplaires du nouveau dictionnaire dans une quantité proportionnelle au nombre d’élèves :

Curare che del vocabolario si faccia anche un’edizione la più economica possibile, per renderne facile l’acquisto a ciascuno scolare:Veiller à ce que soit faite une édition, la plus économique possible, du nouveau dictionnaire pour que chaque élève puisse l’acheter :

Avere, per le scuole elementari ed anche per le scuole tecniche, de’ piccoli vocabolari domestici d’arti e mestieri, compilati sul nuovo vocabolario della lingua, e alcuni, anche, figurati:Avoir, pour les écoles primaires ainsi que pour les écoles techniques, des petits dictionnaires domestiques des arts et métiers, compilés sur la base du nouveau dictionnaire de la langue, dont certains même illustrés :

Dare in premio, nelle diverse scuole, insieme ad un’opera di bona letteratura, una copia del vocabolario, od anche, secondo la scuola, de’ piccoli vocabolari che ne sono estratti:Donner comme prix dans les écoles, en même temps qu’un livre de bonne littérature, une copie du dictionnaire, ou bien, selon l’école, des petits dictionnaires qui en sont extraits :

Cercare che, anche in tutte le scuole femminili, i libri elementari sieno raccomandati o prescritti in modo che si diffonda sempre più, nelle città e nelle campagne, la cognizione della bona lingua viva, affinché si giunga così, a poco a poco, a renderla nota e familiare anche ai bambini.Essayer que dans toutes les écoles des filles les livres élémentaires soient aussi recommandés ou exigés de façon à diffuser toujours plus, dans les villes et les campagnes, la connaissance de la bonne langue vivante, afin qu’on arrive ainsi peu à peu à la faire connaître aussi aux enfants.

Questi provvedimenti potrebbero per la maggior parte effettuarsi senza che si aggravi l’erario pubblico; poiché promossi che fossero e favoriti dal Ministro dell’istruzione pubblica, verrebbe in loro aiuto la bona volontà privata, e l’utile che n’avrebbero scrittori, editori e librai.Ces mesures pourraient être réalisées en grande partie sans peser sur le trésor public ; étant promues et encouragées par le ministre de l’Éducation, elles seraient soutenues par la bonne volonté privée et le profit qu’en tireraient les écrivains, les éditeurs et les libraires.

Se a lei piacerà di accogliere, Signor Ministro, come i sottoscritti n’hanno speranza, le premesse considerazioni, e i suggerimenti con cui hanno creduto d’accompagnarle, per farne in qualche modo l’applicazione, non verrà meno in loro quel sentimento che gl’indusse ad accettare l’onorevole incarico, la fiducia che l’Italia, alla conquista della sua indipendenza e unità, deva, come si è osservato, aggiungere anche quella della lingua.Si vous vouliez, M. le Ministre, accueillir, comme les soussignés l’espèrent, les remarques précédentes, et les suggestions dont ils les ont accompagnées, pour les appliquer d’une façon ou d’une autre, le sentiment qui les a convaincus accepter cette tâche honorable restera vif ; c’est-à-dire la confiance que l’Italie, ayant conquis son indépendance et son unité, doit, comme l’on a souligné, y ajouter aussi celle de la langue.

Alessandro Manzoni, Ruggero Bonghi, Giuliano Carcano

(Alessandro Manzoni, Scritti linguistici editi, ed Angelo Stella, Maurizio Vitale, Milano, Centro nazionale studi manzoniani, 2000)