Une langue (littéraire) en quête de Nation

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De la questione de la lingua à la langue nationale

Jusqu’ici nous avons vu qu’à différence de la France, de l’Espagne et du Portugal, l’Italie, en tant qu’État-nation, n’existait pas. Cette situation durait encore à la fin du XVIIIe siècle et allait continuer jusqu’à la deuxième moitié du XIXe, précisément jusqu’en 1861 quand le Royaume de Sardaigne, qui comprenait le Duché de Savoie, déclara la fondation du Royaume d’Italie, dont le roi serait Vittorio Emanuele II de Savoie. Le processus de création d’un royaume italien uni avait commencé plus ou moins après la mort de Napoléon (1815) et à travers toute la période marquée par ce qui est appellé le Risorgimento, mais le désir d’un État unifié prenait ses racines dans la nostalgie de l’Empire romain, dont la chute en 476 marqua la fin de l’unité de la péninsule italienne. Toute la partie méridionale du pays intègre le Royaume en 1861, grâce à la campagne de Giuseppe Garibaldi, mais Rome, qui appartenait au Pape, ne fut prise qu’en 1870. Dans ce contexte il faut citer l’homme politique et patriote Massimo d’Azeglio (1798-1866) qui aurait dit "Pur troppo s’è fatta l’Italia, ma non si fanno gl’Italiani"Malheureusement on a fait l’Italie, mais pas les Italiens. Cette célèbre phrase n’est pas sans importance pour le discours sur la langue, car on peut se demander aujourd’hui encore jusqu’à quel point on a "fait" l’Italien.

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Italie 1843 (Alexandre Vuillemin,  1812 -1886)

 

Après la codification de la langue littéraire réalisée par Bembo au XVIe siècle, il y eut un important mouvement culturel associé principalement aux Lumières au XVIIIe siècle. Le développement du savoir a entrainé une évolution de la langue qui devait pouvoir exprimer les nouvelles connaissances à une époque où la langue vernaculaire remplaçait aussi le latin comme langue de l’érudition : dans les sciences, la philosophie, la loi. Ainsi commence la transformation de l’italien, langue surtout littéraire, en langue de communication.

Il ne faudrait pas oublier qu’à cette époque l’italien était pratiqué par les classes aisées en Europe, car c’était la langue du théâtre (commedia dell’arte) et de la musique (l’opéra). Le XVIIIe siècle est aussi le moment du Grand Tour, quand les jeunes de bonne famille voyageaient en Italie pour compléter leur éducation et étaient donc en contact avec la langue, qui était évidemment une variété de toscan quand il s’agissait d’interlocuteurs cultivés. À ce propos, Stendhal, qui avait beaucoup voyagé en Italie et écrit sur le problème de la langue, remarque que :

La langue écrite de l’Italie n’est aussi la langue parlée qu’à Florence et à Rome. Partout ailleurs on se sert toujours de l’ancien dialecte du pays, et parler toscan dans la conversation est un ridicule […] On parle toujours toscan aux étrangers mais dès que votre interlocuteur veut exprimer une idée énergique, il a recours à un mot de son dialecte.

Cependant, grâce à l’influence des Lumières, et plus en général de la France dans le contexte européen, le français est devenu un modèle pour l’italien, ainsi que pour d’autres langues européennes. La perception de l’importance du français se fondait aussi sur ce que les savants français affirmaient à propos de leur idiome, c’est-à-dire que c’était une langue supérieure aux autres car plus logique. C’est ainsi qu’Antoine de Rivarol en 1782 dans son discours devant l’Académie de Berlin intitulé De l’universalité de la langue française, après avoir démontré la supériorité de la culture française, affirme :

Ce qui distingue notre langue des langues anciennes et modernes, c’est l’ordre et la construction de la phrase. Cet ordre doit toujours être direct et clair. Le français nomme d’abord le sujet du discours, ensuite le verbe qui est l’action, et enfin l’objet de cette action: voilà la logique naturelle à tous les hommes [...] la syntaxe française est incorruptible. C’est de là que résulte cette admirable clarté, base éternelle de notre langue. Ce qui n’est pas clair n’est pas français ; ce qui n’est pas clair est encore anglais, italien, grec ou latin.

Le français, donc, était même supérieur au latin, dont l’ordre syntaxique est normalement SOV (sujet, objet, verbe).  L’ordre naturel serait SVO, celui du français, une langue dans laquelle il faut exprimer le sujet de la phrase contrairement à la plupart des autres langues romanes, qui sont des langues dites pro-drop, où le pronom sujet n’est pas nécessaire dans la conjugaison des verbes.

L’italien, par contre, qui est une langue pro-drop et qui permet souvent l’inversion du verbe et du sujet, voire qui place le verbe à la fin de la phrase dans le modèle de prose proposé par Bembo, semblait à l’époque une langue plus adaptée à la poésie qu’au discours scientifique. Une importante exception à cette époque a été le traité, publié en 1764, de Cesare Beccaria, Dei delitti e delle pene (Des délits et des peines), œuvre inspirée des idées des Lumières, écrite dans une prose qui suit les critères de la logique évoqués par Rivarol. En dépit de l’exemple de Beccaria, il ne manquait pas d’Italiens, surtout des régions du nord qui faisaient partie de l’Empire, favorables à l’adoption du français à la place de l’italien. Ces idées, ainsi que les nombreux gallicismes introduits dans l’italien à l’époque, furent combattus par des ‘puristes’. Ainsi, Antonio Cesari (1760-1828), qui publia une nouvelle édition du dictionnaire de la Crusca (1806-1811), était à faveur d’un retour au modèle du toscan du Trecento, comme il le propose dans son œuvre Dissertazione sopra lo stato presente della lingua italiana (1808).

Toutefois ces discussions avaient très peu de répercussions sur le peuple qui restait à l’écart de la question à cause de son bas niveau culturel. Parmi ceux qui avaient compris que la question de la langue était aussi un problème culturel se trouve Giacomo Leopardi (1798–1837). Leopardi n’a consacré aucune œuvre à la langue, mais il en parle souvent dans ses méditations philosophiques, le Zibaldone (1817-1832, mais publié en 1898-1900), et dans le Discorso sopra lo stato presente dei costumi degl’italiani (1824: Discours sur l’état présent des coutumes des Italiens). Pour lui l’italien est limité dans son expression car le modeste niveau culturel des Italiens ne permet pas ce qu’il appelle la conversation (c’est-à-dire une synthèse de la langue et de la culture) : le manque de culture entraîne le manque d’une langue capable d’affronter un discours intellectuel. Il envisageait en effet ce qu’on appelle l’élaboration des fonctions dans le cadre de la codification d’une langue et qui deviendra un des aspects principaux de l’histoire de l’italien au XIXe siècle. Leopardi meurt en 1837, trop tôt pour voir l’unification du pays.          

L’Italie devient nation

En effet, au moment de l’unité du pays en 1861 le problème du niveau culturel et donc de la scolarisation des Italiens existait et affectait aussi celui de la langue. Le modèle de Bembo, suivi encore par les lettrés et promu par les puristes du XIXe siècle, était trop éloigné de l’usage courant. Comme l’on peut voir dans le schéma des taux de scolarisation de 1870-1940, très peu d’Italiens fréquentaient l’école primaire. Le linguiste italien, Tullio De Mauro (1976) a estimé qu’au moment de l’unification du pays 2,5% seulement des habitants parlait l’italien, tandis que le linguiste Arrigo Castellani (1982) pense que ce serait plutôt 10%. Aujourd’hui les linguistes insistent sur le fait qu’un nombre plus important était probablement capable de comprendre au moins un texte simple en italien. Cependant l’analphabétisme atteignait pafois 90% dans certaines régions surtout du sud. Il fallait donc se poser le problème de former des citoyens capables de lire et d’écrire.

Dans ce contexte, l’une des voix les plus influentes a été celle d’un autre écrivain et intellectuel, Alessandro Manzoni (1785-1873). Manzoni avait vécu en France et s’inspirait du français qui se basait sur Paris comme centre linguistique. Pour Manzoni, pour l’Italie ce centre ne pouvait être que Florence. Manzoni n’était pas un théoricien de la langue mais un lettré dont l’œuvre principale est le roman historique I promessi sposi (Les fiancés), dont il a écrit trois versions en cherchant à trouver un moyen d’expression convenable (voir textes commentés). Il a choisi le toscan parce que c’était une variété que beaucoup de gens écrivaient même s’ils ne le parlaient pas et donc qui était presque une langue commune pour toute la nation. De cette façon un problème littéraire était devenu un problème social. Par ailleurs, le succès du roman a influencé la façon dont les Italiens écrivaient et beaucoup des changements apportés par le roman sont restés dans l’italien même contemporain. Il a rendu plus simple la structure de la phrase et modernisé le vocabulaire et la morphologie, réduisant ainsi l’écart entre la langue écrite et la langue parlée. Grâce à ses réflexions sur la langue, Manzoni a eu un rôle de premier plan dans la politique linguistique de la naissante nation italienne, quand l’on se posa immédiatement le problème de quelle langue faire apprendre dans les écoles.

En 1868, après l’Unité mais avant l’annexion de Rome, le Ministre de l’Éducation Emilio Broglio forma une commission d’experts pour affronter encore une fois la "questione della lingua". Parmi les noms choisis par Broglio figurait celui de Manzoni qui, quoiqu’assez vieux, accepta tout de suite d’en faire partie. À ce moment-là le nouvel État était sans capitale (au début du mouvement pour l’unification du pays Turin avait servie de capitale et ensuite Florence (1865-1871)). Pour Manzoni, qui était pour la solution ‘florentine’ pour la langue nationale, il convenait de proposer ses idées pendant que Florence était encore la capitale et il avait peut-être compris que cela n’allait pas durer : Rome a capitulé en 1870 et est effectivement devenue la capitale en 1871.

Le but de la commission était de « rechercher et de proposer toutes les actions et les moyens avec lesquels il sera possible d’encourager et de rendre plus universelle parmi toutes les couches du peuple la connaissance de la bonne langue et de la bonne prononciation » (ricercare e proporre tutti i provvedimenti e i modi, coi quali si possa aiutare e rendere più universale in tutti gli ordini del popolo la notizia della buona lingua e della buona pronunzia). La commission était coordonnée par le pédagogue Raffaello Lambruschini et elle fut divisée en deux sous-commissions : l’une basée à Milan, dont Manzoni faisait partie, et l’autre basée à Florence. Manzoni devait être ravi de l’occasion qu’on lui présentait et, sans vraiment attendre une discussion avec ses collègues, entre janvier et février de 1868, il a préparé son rapport : Dell’unità della lingua e dei mezzi di diffonderlaDe l’unité de la langue et des moyens pour la diffuser, qu’il envoya au Ministre. Pour lui il s’agissait de la conclusion de trente ans de méditation sur la langue. Manzoni se rend compte qu’il faut songer à présent àla façon deparler et non seulement à la façon d'écrire, et que le modèle du florentin du XIVe siècle n’était plus convenable. Il concluait son rapport en disant: « E, secondo i principi e i fatti qui esposti, il vocabolario a proposito per l’Italia non potrebbe esser altro che quello del linguaggio fiorentino vivente » (Selon les principes et les faits exposés ici, le lexique pertinent  pour l’Italie ne pourrait être autre que celui de la langue florentine vivante). En effet Manzoni considérait le problème surtout du point de vue du lexique et avait conçu un dictionnaire, qui devait servir à l’enseignement de la langue. En plus de ce dictionnaire, qui devait être accessible à tous les élèves dans toutes les classes, le rapport donnait d’autres conseils pour la diffusion de la langue florentine sur tout le territoire : la présence d’instituteurs florentins dans les écoles, des stages à Florence pour les meilleurs élèves des écoles normales (futurs instituteurs), des livres de texte écrits en florentin. Sur cela il n’y a qu’à citer Pinocchio de Carlo Collodi (1881) et Cuore d’Edmondo De Amicis (1886), conçus pour l’enseignement de la langue à l’école primaire.

Cependant, les conclusions de la commission coordonnée par Lambruschini à Florence étaient tout à fait différentes, et regardaient plutôt le passé, les puristes et le modèle de la langue écrite, non pas la langue vivante, ce qui laissait encore un vide entre la réalité du pays et la connaissance de la langue. Le modèle proposé par Manzoni était probablement utopique et peu applicable à la situation italienne où le vrai problème, encore une fois, était culturel.

Ce dernier argument a était repris par la critique des idées de Manzoni avancée par le linguiste  Graziadio Isaia Ascoli (1829-1907). C’est à Ascoli qu’on doit l’identification, dans le champ de la linguistique romane, du système linguistique rhétoroman et de celui du francoprovençal. En 1872 il fonda la revue de linguistique historique, Archivio glottologico italiano, et il consacra la préface aux problèmes linguistiques de l’Italie en discutant les idées de Manzoni. Ascoli refusait l’opinion selon laquelle on pouvait faire adopter à tous les Italiens la variété parlée à Florence et la propager grâce à un dictionnaire. Les langues nationales ne se formaient pas de cette façon selon lui. Manzoni partait de l’exemple de la France, où le centre linguistique était Paris, mais il avait fallu des siècles de centralisation politique, bureaucratique et culturelle pour faire de la variété parisienne la langue de la nation. L’Italie n’avait pas connu une pareille centralisation et dans ce sens elle ressemblait plutôt à l’Allemagne où la base de la langue commune était celle de la traduction de la Bible de Martin Luther. On employait celle-ci à tous les niveaux sociaux grâce aux progrès de l’alphabétisation et à la diffusion d’activités culturelles et civiles, qui se combinaient pour unir toute la communauté linguistique. La création d’une langue nationale est un phénomène historique qui dépend des forces sociales et culturelles et jusqu’à ce moment l’italien était une langue littéraire avec des traits élitistes dérivant de certains aspects de la civilisation italienne. Une langue caractérisée selon Ascoli par  "le manque de densité culturelle et l’excessive préoccupation pour la forme". La formation d’une langue unique à employer dans tout le pays et parmi toutes les classes sociales pouvait seulement être le résultat de changements socio-culturels profonds.

En fin de compte, Ascoli avait raison et le développement de la langue italienne a suivi les événements de l’histoire de l’Italie et les changements dans la société. Quoique langue encore d’élite, elle a dû se plier aux exigences d’un état moderne et de ses fonctions bureaucratiques. L’école, le service militaire, les moyens de communications de masse ont fini par enseigner la langue à la population. Aujourd’hui plus ou moins tous les Italiens ont une connaissance passive de la langue et la langue elle-même évolue en formant ce que les linguistes appellent le néostandard (Berruto), ou bien l’italien d’emploi moyen (Sabatini) : une variété qui répond mieux aux nécessités de la société contemporaine et qui intègre une série de traits qui dérivent de la langue parlée et qui ne sont plus d’origine toscane, mais dérivent des diverses régions de l’Italie.

Cependant le problème de la connaissance active reste et dépend encore du niveau culturel de la population. Tullio De Mauro (2014) remarque encore que seulement 20.2% des Italiens possède des compétences minimales en lecture et écriture (et en mathématiques) nécessaires dans le monde complexe d’aujourd’hui ; 5% est incapable d’identifier les lettres et les numéros ; 74%, quoiqu’ayant un titre d’études supérieures, a des difficultés pour comprendre ou écrire un texte. Cela arrive aussi dans d’autres pays évolués, mais le problème concerne la capacité de lire et d’écrire, en Italie cela implique aussi la capacité de se servir de la langue nationale. Et là où la langue nationale n’arrive pas, ce sont les dialectes qui la remplacent...

Dans des secteurs importants de la population les dialectes coexistent avec la langue nationale dans une situation de diglossie ou plutôt de dilalie (Berruto 2004): on choisit l’un ou l’autre selon le type de communication, et le code-switching est fréquent. Évidemment les dialectes ont changé au cours du temps et surtout depuis l’Unité. Ce sont bien évidemment des variétés linguistiques dérivées directement du latin, et non pas des formes dégénérées d’italien, mais aujourd’hui les formes les plus archaïques disparaissent avec la population la plus âgée qui s’en servait, et elles sont remplacées par des formes influencées par l’italien standard. Ainsi les dialectes deviennent plutôt des variétés régionales d’italien ; néanmoins, quand on rencontre un Italien qui parle la langue standard, on devine sa région d’origine sur la base de son lexique et sa façon de prononcer.

Il n’est pas surprenant dans un tel contexte que le débat sur la langue définit la culture et la littérature italiennes. Tullio De Mauro remarque encore qu’on ne pourrait pas imaginer Shakespeare écrire une œuvre intitulée "About popular language" (De vulgari eloquentia), tandis que beaucoup d’écrivains italiens ont réservé une partie de leur attention à la question de la langue. Le premier bien sûr a été Dante, le débat anime les lettrés du XVIe siècle et continue jusqu’au moment de l’unification de la nation dans les œuvres des plus importants écrivains, Leopardi et Manzoni, pour finir encore avec Antonio Gramsci, Emilio Gadda, Pier Paolo Pasolini.

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Alberto Manzi, Non é mai troppo tardi

Cependant, il s’agit d’un débat entre intellectuels : le gouvernement italien n’a pas vraiment de politique linguistique. Rien qui ressemble à celle de la France. La seule exception a été celle des vingt ans du régime fasciste sous Mussolini (29 octobre, 1922 - 25 juillet, 1943). Un épisode célèbre à cette époque est la guerre à la forme de courtoisie lei (suivi d’un verbe à la 3e personne), qui s’était diffusée à partir du XVIe siècle et qui dérivait de l’emploi de Vostra signoria. Le langage du fascisme la remplaçait par voi ‘vous’. Cela n’a jamais pris racine et lei est la forme qui s’impose encore, tandis que voi est typique dans beaucoup de dialectes du sud. Ce cas à part, la politique linguistique du fascisme était une politique répressive envers les langues minoritaires (et ceux qui les parlaient) et à cette époque beaucoup de noms, ainsi que des noms de lieu allemands ou encore slovènes ont été italianisés. Bien sûr on éliminait aussi les mots étrangers pour les remplacer par des mots italiens et on commença à doubler les films étrangers (une habitude qui dure encore). Le régime fasciste fonda une académie, l’Accademia italiana, en 1940, pour s’occuper de la politique linguistique, dont l’un des buts, encore une fois, était de produire un dictionnaire,  dirigé par Giulio Bertoni, professeur de Philologie romane à l’Université de Rome, qui devait imposer l’italien de Rome.

La fin du fascisme a marqué la fin de cette politique, mais dans les années soixante du XXe siècle la télévision (propriété de l’État) a contribué à renforcer l’identité nationale et la connaissance de la langue. Par exemple, elle proposait des leçons de langue surtout pour adultes : cf. Non è mai troppo tardiIl n’est jamais trop tard ; (1960-1968),  présenté par le pédagogue et instituteur Alberto Manzi. Par ailleurs dans des séries les personnages qui se servaient d’expressions dialectales faisaient partie des niveaux sociaux inférieurs ou bien étaient des personnages comiques.

Tout cela a changé avec la libéralisation des émissions qui a permis un modèle linguistique moins soutenu, plus ouvert aux variétés régionales. La variété parlée à Rome y figure souvent, mais jamais comme variété ‘haute’. En dépit des aspirations du régime fasciste, Rome est bien un modèle national, mais généralement négatif et perçu comme assez vulgaire.

En même temps l’absence de politique linguistique a permis une tendance exagérée, facilitée aussi par le langage politique et encore celui de la télévision, à l’emploi de l’anglo-américain, bien plus qu’en espagnol ou en français. Encore une fois, on pourrait se demander si cela n’indique pas le manque d’un vrai sentiment d’unité nationale et de loyauté envers la langue.